/La pandémie de la COVID-19 comme test mondial pour la démocratie – Mahmoud khairou

La pandémie de la COVID-19 comme test mondial pour la démocratie – Mahmoud khairou

Mahmoud khairou – 29-11-2021

Le contexte international est dominé par une mystérieuse pandémie du Coronavirus dénommée COVID-19, une inconnue qui demeure inconnue avec ses nombreuses mutations et plusieurs variants  (Alpha-Beta-Gamma-Delta-Kappa-Omicron ect…) circonscrits dans des vagues (1-2-3-4 ect…) tendant à perturber les progrès scientifiques. Endommageant, ainsi, les vies humaines, les structures sanitaires, les finances, l’économie, le politique, le sociale, la démocratie, la culture, le sport, le monde du travail, le climat ect…

Avant de plonger dans les profondeurs de cet article, il convient dans une première étape de faire un bref rappel historique des origines de la démocratie et voir par la suite en quoi cette pandémie de la  COVID-19 est entrain de remettre en cause  l’un des plus vieux systèmes de gouvernance au monde à savoir la démocratie.

En effet, si nous considérons  l’étymologie du mot démocratie en Grec ancien demokratia qui signifie démos et qui veut dire peuple ou population d’un pays et Kratos pouvoir, autorité. Partant de cela, nous pouvons dire que le pouvoir et l’autorité appartiennent aux peuples.

Effectivement ,c’est  dans la cité d’Athènes dans la Grèce antique autour du Vème  siècle avant J-C ,suite à la grave crise économique et politique qu’elle a connu  que ce nouveau système de gouvernance a été expérimentée pour la première fois .Et dont l’artisan est le grec Solon (640-658)  , ce qui lui valu l’appellation du  père de la démocratie Athénienne  . Apres lui, c’est  le grec  Périclès qui a repris le flambeau en ouvrant la vie politique à tous les citoyens d’Athènes.

Plusieurs penseurs et dirigeants après eux sont venus consolider le concept, nous citerons parmi eux John Locke (1632-1704) et Charles de Secondât dit Montesquieu (1689-1755) à travers le principe de la séparation des pouvoirs (Exécutif, législatif et judiciaire) afin de limiter l’injustice et l’abus.

Et un dirigeant en l’occurrence, le président des Etats Unis de 1860 à 1865 Abraham Lincoln adéclaré que la démocratie : C’est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple.

La démocratie peut être directe (citoyens réunis en assemblée) ou représentative (les citoyens choisissent des représentants pour exercer le pouvoir en leur nom)

Et dont les fondamentaux  ce caractérisent   par la liberté d’expression ,de concertation ,de circulation ,de représentation ,de participation ,de vote ,de choix à travers aussi ,l’égalité  ,la justice ,l’équité ,le respect des droits fondamentaux des citoyens dont (l’association ,le regroupement … ) ,de la séparation des pouvoirs , ect.. .

 

De nos jours, cette démocratie fonctionne comme un système représentatif qui s’exerce à travers des élections libres qui déterminent les partis ou personnalités indépendantes qui auront attirés la confiance du plus grand nombre des citoyens.

Apres avoir passé en revue l’histoire de la démocratie, nous verrons en quoi la COVID-19 a fortement ébranlé son fondement.

C’est en 2019 que ce système démocratique longtemps considéré comme le meilleur système de gouvernance au monde doit faire face à un imprévisible virus COVID-19 qui prend sa source de la ville Chinoise Wuhan (province du Hubei).

Engendrant ainsi une crise sanitaire aux lendemains incertains plongeant le monde dans une situation indescriptible de stress.

L’avènement de cette pandémie a poussé la grande majorité des gouvernements du monde dans l’urgence à mettre en œuvre des mesures barrières avec les fermetures des frontières, les couvre-feux, les confinements, la fermeture des marchés, des cafés, des restaurants, des écoles, des frontières et l’arrêt de la circulation interurbaine.

Ajouter à cela la fermeture des salles de spectacles, des ateliers des secteurs de l’économie informelle et formelle, l’arrêt du tourisme, l’arrêt des vols, le ralentissement du transport, la mise de certains travailleurs au chômage technique un ralentissement quasi continu des activités politiques, économiques, sociales, artistiques, culturelles et sportives mettant à rude épreuve  le système démocratique .

Un ensemble de mesures dictées par la situation d’urgence sanitaire appliquée différemment dans chaque pays mettant en cause le système démocratique. Aussi, les libertés de circulation des personnes et des biens et les libertés d’expression n’ont pas été épargnées. Il faut ajouter à cela les efforts de lutte contre la déréglementation climatiques qui ont été largement affectés.

Dans ce cadre,les gouvernements du monde était divisé en deux d’une part les gouvernants autoritaires qui ont largement profité de l’avènement de la pandémie de la COVID-19 pour mettre en exécution leurs plans machiavéliques affectant une démocratie déjà aux abois dans leurs pays. Et dont les conséquences directes étaient les changements de façon non démocratiques et anticonstitutionnels de certains de ces régimes dictatoriaux. Il s’avère juste que bâtir un état de droit, la bonne gouvernance et la transparence restent tributaires du respect des règles démocratiques les plus fondamentales à savoir le respect des droits humains.

Et d’autres part, les gouvernements démocratiques qui étaient entre le marteau et l’enclume,soient ils appliquent des mesures antidémocratiques et sauvent des vies humaines ou ils respectent la démocratie et laissent les vies humaines périr.

Les exemples les plus pertinents sont : le confinement privant ainsi les populations de leur liberté fondamentale à la circulation ; les couvres feux ; la répression des manifestations opposées à cette situation ; l’arrêt ou le renvoi aux calendes grecques des processus électoraux (campagnes, meetings, opération électorale ect…) qui constituent le fondement de la démocratie. Une autre illustration est celle des   migrants réguliers et surtout ceux irréguliers (sans papiers, les demandeurs d’asiles ect …), les femmes migrantes et leurs enfants qui vivent déjà dans des situations déjà précaires se verront leur droits élémentaires de regroupements familiaux, d’accès aux vaccins, de transfert d’argent fortement affectés.

 En plus de millions de    travailleurs qui ont perdu leur emploi, d’autres soumis au chômage technique, le secteur de l’économie formelle et surtout celui de l’économie informelle ont largement été secouée par la pandémie. Il en ressort de tout ce qui précède que la COVID-19 a soumis la démocratie a un examen   difficile par l’ouverture d’une plaie qui demeure béante.

 

Dans cette situation délicate et d’urgence le droit à la santé et à la vie sont des droits indéniables et demeurent la priorité des priorités. En ce sens que la démocratie est un système de gouvernance qui a pour atout de favoriser la vie humaine , le droit, le développement, et l’épanouissement des citoyens. Peut-on dire dans cette situation que l’application de mesures barrières portant atteinte à la dignité humaine n’est-elle pas un mal nécessaire à la dignité humaine ?

Cela interpelle notre conscience à mettre en place des lois qui s’adaptent aux périodes de crises naturelles et sanitaires. Un arsenal juridique qui donne la priorité à la vie humaine sans que cela soit en porte à faux avec les règles démocratiques les plus fondamentales .Une démocratie soucieuse du devenir des populations, une démocratie qui privilégie les attentes en pleine mutations des citoyens dans l’objectif de bâtir un monde plus durable et plus prévoyant.

La COVID-19 est un fléau ravageur qui est venu porter atteinte aux règles fondamentales de la démocratie pour faire prendre conscience aux humains de repenser le modèle démocratique en vigueur.

Pourquoi ne pas repenser un modèle démocratique plus attentif aux besoins et attentes des populations qui sont en pleine mutation avec l’évolution imprévisible de la vie ?

Une démocratie qui privilégie la dimension sanitaire et qui donne priorité à la vie humaine. Tout en évitant d’être en pleine contradiction avec les principes qui la fonde.

Le système démocratique en vigueur est en déroute dans plusieurs  pays au monde manque de bonne gouvernance , autoritarisme de certains dirigeants ,difficultés à restaurer un état de droit   ,montée fulgurante de la corruption ,de pressions de toutes sortes sur les processus électoraux , la montée des hommes détenant de grands capitaux changeant ainsi l’ordre politique , achat des consciences , soumission à l’ordre communautaire, notabilité, idéologique ,sectarisme , ethnique, tribal établi et aux chantages de toutes sortes ect … .

En somme, un système démocratique (représentatif) défaillant à travers un pouvoir législatif le plus souvent inféodé au pouvoir politique et largement sous à l’emprise du pouvoir économique .Face à un nouveau bourreau(COVID-19) qui risque de lui apporter le coup de grâce.

Nous nous posons la question à savoir, si cette démocratie représentative est-elle adaptée et durable et capable de transcender les nombreux défis contemporains auxquels nous sommes confrontées?

 

Auteur : Mahmoud khairou, Ingénieur des Travaux du Génie civil, Syndicaliste

 

 

 

Nous pensons qu’il faut repenser le système démocratique représentatif en pleine crise  et pourquoi pas envisager de le substituer par un  système démocratie plus  participatif ou plus consensuel qui prend en compte les besoins et attentes en mutations  des populations .Un système démocratique durable et résiliant capable de faire face aux changements et catastrophes naturelles et sanitaires imprévisibles auxquels le monde est confronté.

Une démocratie au service également du plus fort et du plus faible, une démocratie qui privilégie la voix du consensus, du dialogue et de la concertation continue. Pas une démocratie entre les mains d’une majorité qui soumet une minorité à sa volonté.

Et non à celle donnant naissance à  des parlementaires qui ont coupé tout contact (concertation) avec leurs électeurs et ne respectant aucune reddition des comptes à ces derniers. Partant de cela nous prônons  une démocratie à dimension humaine consciente qui prend sa vitalité des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Une démocratie continue qui se réfère aux   pools des populations à travers des sondages, des plates-formes de communications, forums et autres.

Une démocratie ou l’opinion de chaque citoyen est importante et où seule la raison domine. Si nous voulons atteindre les objectifs du développement durable(ODD) notamment l’objectif 16 (Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place ,à tous les niveaux des institutions efficaces ,responsables et ouvertes à tous ).

Nous devons dans l’ urgence   revoir notre système démocratique défaillant et de voir un système démocratique qui s’adapte à tous les temps et tous les contextes.

 Il en ressort que la démocratie représentative face au test de la COVID/19 à démontrer ses limites.

Car incapable de s’adapter à cette nouvelle crise de pandémie à travers les excès et les débordements constatées dans sa gestion.

Ce qui nous interpelle à proposer, un système démocratique suffisamment consensuel ouvert aux nouvelles technologies de l’information et de la communication plus résiliant et plus durable.

A bon entendeur salut.